Paulus et la petite flamme

Hypnothérapie somnambulique d'une phobie

Paulus et la petite flamme
Photo by Jayesh Patil / Unsplash

Paulus a une phobie sociale, il a peur d’être remarqué, moqué et rejeté.

Ce qui l’amène à ne pas donner son avis, à éviter de se mettre en avant, à éviter les conflits. Il panique, s'il est le centre d'attention. Il vit dans la hantise que l'on se moque de lui, et d'être ridiculisé et finalement exclus. Il ne connaît que deux solutions : l'évitement ou la perfection.

Il a été promu à un poste d'encadrement. Il doit animer, gérer et diriger une équipe. Par ailleurs, il doit périodiquement présenter le travail de son équipe en réunions hiérarchiques.

Évidemment, cela le place dans une situation intenable.

Je l’hypnotise.

Une induction simple basée sur la focalisation de l’attention sur la respiration, le relâchement musculaire. Mes mots sont choisis pour évoquer des expériences de calme et de détente. Je ralentis progressivement mon débit de parole. Il s'immobilise, ses yeux se ferment, sa respiration se fait plus lente, il suit le tempo que je lui donne. Il plonge dans une douce léthargie.

Une fois cet état atteint, je lui dis qu’il va découvrir quelque chose.

Je le ramène, il me dit qu’il se sentait s’endormir et qu’il était dans un état de vigilance intermédiaire. Il pensait à un cerisier, et à lui dans un transat, un jour d’été, avec son chat.

Tous ces éléments sont un composite de souvenirs issus de sa mémoire autobiographique. Il connaît ce cerisier, ce chat, cet endroit qu’il aime bien. Ils sont tous associés pour lui à l'expérience du calme, de la détente, etc...

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Je sentais mon corps qui était lourd, j'étais avec vous, je vous entendais [il baille]  je ne suis pas parti dans un endroit déconnecté ou je n'entendais plus, j'étais bien.

Cet état de calme et de détente était mon objectif et je l'ai induit en l'amenant à aller chercher dans sa mémoire des souvenirs associés à cette expérience.

Petite flamme

Puis, il me dit qu’à un moment, il a vu une "petite flamme" au niveau de son ventre, de l’ombilic : "Une flamme qui ramène à moi".

Je reprends exactement ses mots et j'oriente son attention sur le ressenti : "petite flamme". A la différence de la première séquence, je n'ajoute rien, je ne modifie rien, je n'évoque rien d'autre. Je lui demande juste de préciser son expérience.

  • et, "petite flamme"
  • et quand "petite flamme" où est exactement "petite flamme"
  • là (il me montre son nombril)
  • et quand "petite flamme", "là", exactement "là" (et je montre son nombril), alors qu'est ce qui se passe ?

Ses yeux se fixent, ils sont orientés vers le mur, derrière moi. Son regard se voile. Les traits de son visage se relâchent. Il s'exprime d'une voix monocorde, ses phrases sont brèves. Il est complètement immobile.

Il découvre maintenant "petite flamme". Ce n'est pas un souvenir. Il voit, sent et ressent "petite flamme" qu'il hallucine de tous ses sens. Il n’a aucun effort à faire, elle est là, devant lui. Ce n'est pas une re-présentation d'un élément en mémoire, c'est une perception.

Au fur et à mesure que la perception se précise, une signification apparaît. Elle s'impose à lui, "petite flamme" c’est lui, son identité. Il découvre que "petite flamme" est protégée, à l’abri, qu’on ne peut pas la toucher, que les autres ne la voient pas. Elle est indépendante.

Il réalise qu’il peut aller de l’avant, que les autres n’ont pas d’importance.

Chasing the light in Yosemite
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Travailler avec un symbole

"Petite flamme", c'est la partie "matérielle" du symbole qui commence à émerger.

Je l'amène à détailler cette perception, la préciser, jusqu'à ce que l'autre partie du symbole apparaisse : sa signification. La découverte se fait sous la forme d’une révélation : une "épiphanie".

Je ne fais aucune interprétation qui viendrait altérer ce qu'il vit, je n'influence rien.

Les deux parties, lorsqu'elles sont réunies, constituent le symbole.

Female hands holding 2 pieces of the puzzle in the background of trees
Photo by Vardan Papikyan / Unsplash

Ce symbole n’est valable que pour lui. Il n’y a pas de clef des songes.

Deux expériences radicalement différentes

Dans la première séquence, il s’endormait, la passivité de son esprit me permettait de primer des expériences et des souvenirs qu’il évoquait sans résister.

Cette expérience n’avait que le sens que je voulais qu’elle ait et cela n’allait pas plus loin. Je l’influençais (je le suggestionnais au sens de Bernheim).

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Il y a une définition faible et une définition forte de “suggestion”

Dans la deuxième séquence, il ne dormait pas, il rêvait éveillé. Mon travail à consisté à le mettre dans les conditions requises pour que la conscience révante saisisse et transforme ce qui le préoccupait à ce moment là : sa peur du jugement.

Les rêves ne sont pas des souvenirs

Ces deux expériences illustrent toute la différence entre l'utilisation de l'influence et la transe somnambulique. C'est la différence entre l'imagination reproductrice : la mémoire et l'imagination créatrice : le rêve.

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Suivi

Les deux séances suivantes nous n'avons pas fait d'hypnose, ce n'était pas nécessaire. Il ne cessait de me dire comme il se sentait bien. Me décrire ce qu'il était devenu capable de faire au travail et dans sa famille.