La véritable cause de la transe que la plupart des hypnos ne connaissent pas (mais utilisent sans le savoir)
Il parait que dans l'hypnose, tout est croyance...

Il parait que dans l'hypnose, tout est croyance...
Le modèle standard, celui qui est partagé et enseigné par les Ericksoniens, affirme que l'hypnose repose sur des croyances, que l'expérience hypnotique est une co-construction de la réalité entre le praticien et son sujet et qu'il n'y a pas réellement d'état hypnotique (de transe), même s'il y a un effet de l'hypnose qui peut être objectivé.
Dans la littérature scientifique, il est nommé : "non étatique", au sens où il estime que les effets de l'hypnose ne nécessitent pas d'états de conscience modifiés ou anormaux préalables.
Il trouve son origine chez Bernheim.
Selon le modèle standard, l'hypnose est une construction.

Le sujet s'attend à être hypnotisé, le praticien accomplit un rituel ou quoique ce soit que le sujet puisse interpréter comme étant propice à l'hypnose et il va se conformer à l'idée qu'il se fait du "mythique" état hypnotique.
L'art du thérapeute est de rester congruent pour ne pas détromper le sujet tout en sachant qu'il n'existe rien de tel qu'un "état hypnotique" et de faire des suggestions pour via des mécanismes ideo-moteurs tout à fait normaux, activer telle ou telle notion dans l'esprit du patient : des apprentissages implicites, des expériences, des émotions, qui seront autant d'occasion de susciter les divers effets recherchés : analgésie, correction d'un comportement, changement émotionnel, modification d'une croyance limitante, etc..
Certaines techniques utilisée par l'opérateur ont pour but de rendre les suggestions plus efficaces comme l'indirection, la confusion, la saturation, la dissimulation au sein de contes métaphoriques. II peut aussi utiliser la croyance du sujet en une puissance supérieure comme l'Inconscient-forcement-bienveillant, ou l'Inconscient-Omniscient ou l'Inconscient-Omnipotent. Ou alors, mais nous sommes sur des niveaux de compétence très élevés, utiliser des mécanismes plus fondamentaux comme l'attachement, c'est à dire le transfert.
L'opérateur recourt aussi à des protocoles comme par exemple : un pont émotionnel, une régression en âge, une futurisation, une dissociation afin de créer une expérience et l'ancrer dans la conscience du sujet ou, au minimum, en mémoire latente, s'il choisit d'utiliser une suggestion post-hypnotique.
Avantages du modèle standard
Il explique qu'il n'y a rien à comprendre.
Si les inductions sont aussi variées, si elles ne font finalement pas une grande différence. Si les manifestations de l'hypnose sont aussi diverses. Si l'hypnose à pu autant changer de visage suivant les cultures et les époques. Si on ne retrouve pas de correlats physiologiques à l'hypnose, c'est parce qu'en fait, tout est l'expression des croyances du sujet.
Il est tout à fait gratifiant pour l'opérateur, à qui il donne un grand rôle et une responsabilité certaine.
En effet, l'opérateur doit savoir présenter l'hypnose pour susciter les attentes adéquates chez le sujet puis, tout à la fois créer et stabiliser l'expérience afin de l'utiliser, en sélectionnant l'objectif et le protocole le plus à même d'atteindre le but fixé, tout en levant les obstacles qui pourrait survenir.
Certains opérateurs ayant compris qu'ils utilisent les croyances du sujet, sont capables d'aller directement aux phénomènes ideo-moteurs en se passant d'artifice comme la notion de "sommeil" ou de "profondeur" et pratiquent directement la suggestion à l'état de veille ou l'hypnose conversationnelle, sans que leur sujet ne présentent le moindre stigmate de "transe".
Le seul inconvénient à ce modèle serait, peut être, que ce pouvoir donné à l'opérateur par le sujet pourrait amener certains à utiliser l'hypnose de manière non éthique, mais comme l'hypnose n'existe pas, finalement il n'y pas de risque.
Pour résumer : l'hypnose, c'est le mariage pour le meilleur, de la compétence à faire croire que l'hypnose existe avec la croyance qu'on peut être hypnotisé.
Nous vivons dans un monde où le relativisme est la règle mais les hypnotistes le savent (paradox inside!).
Petits cailloux dans la chaussure du modèle standard.
La preuve de son existence, c'est l'absence de preuve de quoi que ce soit.
Parce que si on regarde en détails : L'opérateur est inutile et la technique aussi !!
Braid à partir de 1843, à supprimé toutes interventions de l'opérateur est les a remplacé par un bouchon de liège collé sur le front du sujet ou un point sur le mur ou sa lancette et ça fonctionnait toujours.
Et Weitzenhoffer à vérifié en 1959, que cela fonctionnait, sans rien dire, sans pretalk, sans mentionner l'hypnose ou quoi que ce soit et sans intervention aucune de l'opérateur. En fait cela à tellement bien fonctionné que les seuls qui ne sont pas rentrés en transe sont ceux qui ont activement lutté contre la transe.[1]
Donc, rien de ce que fait l'opérateur n'est nécessaire. Et ce n'est pas nouveau.
"Le concentrateur ou l'hypnotiseur ne compte pour rien, il ne demande aucun pouvoir spécial pour lui-même, le concentré ou l'hypnotisé est l'agent actif". De Faria 1819.
Et, ni la motivation, ni les croyances ne sont pertinentes !!
La notion de "croyance", comme celle "d'attente", ou "d'expectation" est infalsifiable. Si cela marche c'est parce que le sujet avait la croyance que .. Et si ça ne marche pas, c'est que le sujet avait la croyance que ..
C'est la vertu dormitive de l'opium.
Ensuite, on demande à une croyance qui serait un contenu de conscience, d'être capable de modifier la conscience. Comment ce qui est contenu peut changer ce qui le contient, sans apport extérieur ?
Par ailleurs, tout le monde dans notre société de spectacle a vu ou entendu parler de l'hypnose et de ses effets. Si la croyance était agissante, pourquoi tout le monde ne tombe pas hypnotisé dès que Messmer passe à la télé. Ce ne sont pas les rares fusibles qu'il utilise, s'il en utilise ... (Parce que "attention les femmes enceintes et les moins de 16 ans...", ce n'est pas un fusible, c'est une implication) qui protègent la population.
Ou pourquoi est-ce que l'on hallucine pas la présence des clefs là où l'on est persuadé (à tort) de les avoir laissé ? (Kallio S, Revonsuo A (2003)
Les croyances ou la motivation du sujet sont mêmes tellement inutiles à l'hypnose que ne pas prévenir et ne pas informer le sujet, sont une des méthodes récurrentes d'Erickson. Par exemple, lorsqu'il utilisait sa version du handshake sans prévenir et sur des inconnus. Ou lorsque dans l'aeroport de Denver à 2H du matin, il hypnotise, sans les prévenir, 5 enfants épuisés et enervés avec des bouts de journaux déchirés. (L'hypnose thérapeutique - 4 conferences. Traduction en français de HEALING IN HYPNOSIS d'Erickson publié en 1983).
Ou lors de démonstrations avec des personnes non prévenues, ne parlant pas l'anglais et trompées sur le but de la manoeuvre, comme dans son article sur l'induction par pantomime.
Juste avant la réunion, l'auteur a été informé qu'il devait faire une démonstration d'hypnose en guise d'introduction à sa conférence en employant comme sujet une infirmière qu'ils avaient choisie, qui ne savait rien de l'hypnose ni de l'auteur et qui ne pouvait ni parler ni comprendre l'anglais. Ils lui avaient expliqué en privé que j'étais un médecin nord-américain qui aurait besoin de son aide silencieuse, ils l'avaient informée de nos handicaps linguistiques mutuels et lui avaient assuré que je la respecterai pleinement. Elle n'était donc pas du tout consciente de ce qu'on attendait d'elle. (Erickson 1964)
Quant à hypnotiser des personnes ayant la croyance d'être incapables d'entrer en transe, qui luttaient activement contre l'hypnose, ou qui le mettait au défi, c'est aussi un sujet récurrent de ses articles.
Et, Esdaile magnétisait et mettait en transe léthargique (et pas qu'un peu) des personnes dont il ne parlait pas la langue, ne partageait pas la culture, n'ayant jamais assisté à ce qu'il faisait (personne n'avait jamais vu ça), et ne comprenant vraisemblablement qu'une seule chose : c'est qu'ils allaient souffrir atrocement. La chirurgie des organes génitaux masculins (la spécialité d'Esdaile) en 1845, à Calcutta, avant l'utilisation de l'éther et du chloroforme, ce n'était pas une petite affaire.
Ceux qui font de la street ont l'expérience de sujets ne s'attendant pas à être hypnotisé ou étant persuadé qu'ils ne sont pas hypnotisables et qui pourtant ...
J'ai même vu passer un article de Messmer (l'actuel, pas Anton MeSmer) disant que ceux qui n'y croient pas font les meilleurs sujets car ils ne s'opposent pas. C'est à dire que c'est la croyance inverse qui faciliterait l'hypnose...
Sans parler des sujets trop motivés, qui veulent absolument être hypnotisés et qui ne sont pas loin d'être les pires sujets que l'on puisse trouver.
Si ce n'est ni ce que fait l'opérateur, ni les croyances, ni la motivation du sujet qui agissent ...
Alors, qu'est ce que c'est ?
Il doit bien y avoir quelque chose qui agit et qui modifie l'expérience du sujet car si vous pensez qu'il n'y a pas modification alors c'est que vous pensez que le sujet simule.
Encore une fois, ce n'est pas l'auto-suggestion (concept strictement identique à celui de croyance) qui est responsable de cela, ni la suggestion puisqu'il n'est pas besoin d'un suggestionneur, et que l'effet caractéristique de la suggestion est la conséquence de la transe, pas sa cause.
Le bon sujet est celui qui fait quelque chose.
Spanos à montré que la différence entre les "Highs" et les "Lows" est que les "Lows" restaient passifs à attendre, à la différence des "Highs". Et quand, il leur a appris, ils sont devenus des "Highs" comme les autres. Absolument indiscernable des "Highs" spontanés. (Gorassini et Spanos, 1986 ; Spanos et al., 1986, 1987 ; Gfeller et al., 1987).
40 à 80% des "Lows" devenaient "Highs", suivant les variantes du protocole de Carleton (CSPT). Ils sont partis d'un protocole de 75 mn et ils ont petit à petit enlevé des éléments pour terminer avec un protocole de 7 mn (peut être 4) qui transformait encore 50% des "Lows" en "Highs".
Les résultats ont été répliqués dans plus de 15 études (Gorassini & Spanos, 1999 ; Spanos, 1986a) avec des gains persistant à 2,5 ans (Spanos, Cross, Menary, & Smith, 1988) et une généralisation des acquis (Gfeller et aI., 1987; Spanos, Robertson, Menary, & Brett, 1986; Spanos, Lush, & Gwynn, 1987).
Ce n'est donc pas une caractéristique fixe, c'est un comportement qu'adopte le sujet qui est responsable de la réponse aux suggestions. Quelque chose qu'il fait activement lorsqu'on le lui demande ou qu'on le lui enseigne.
Si c'est un comportement que le sujet adopte, on peut le détailler.
Le bon sujet est celui qui focalise son attention.
C'est Braid qui déclarait en 1843, que la transe est :
« Un état particulier du système nerveux déterminé par des manoeuvres artificielles »
« un état particulier du système nerveux amené par la concentration fixe et abstraite de l’oeil mental et visuel sur un objet qui n’est pas par lui-meme de nature excitante »
et, il insistait sur le fait qu’il s’agit de sommeil nerveux, dû à une cause physique «la fatigue des centres nerveux» et absolument pas à une cause mentale.
Ceci a été confirmé par Barber : le bon sujet hypnotique, est celui qui est, et reste (pendant l'expérience) sélectivement attentif, pensant et répondant aux signaux émanant de l'hypnotiseur (et concomitamment devient et reste sélectivement inattentif, ne pensant pas et ne répondant pas à d'autres stimuli potentiels)''[2].
Et ces résultats ont été répliqués : la capacité à maintenir une attention concentrée malgré des stimuli perturbant est corrélée avec une plus grande hypnotisabilité (Crawford, Corby and Kopell, 1996; Lyons and Crawford, 1997).
Comment la focalisation de l'attention agit ?
Pavlov, qui a beaucoup travaillé sur l'hypnose a trouvé plusieurs choses intéressantes. Par exemple, que se passe-t-il quand un chien affamé et habitué à être nourri au signal d'une sonnette, entend enfin la fameuse sonnette. Mais que rien ne vient ?
D'abord, il salive puis (la suite est moins connue), il s'écroule, il dort ...
"Le stimulus conditionné, après avoir été utilisé seul pendant quinze secondes avant l'alimentation proprement dite, produit d'abord invariablement la réaction alimentaire, motrice et sécrétoire. Pendant ces expériences, le chien reste toujours bien éveillé. Maintenant, si nous allongeons l'intervalle de temps de l'action du stimulus conditionné, en l'absence de nourriture, (disons trente secondes), après quelques répétitions (trois à cinq), le chien s'assoupit, et à la fin s'endort si profondément que pour prendre de la nourriture au bout de trente secondes, il faut le réveiller de force... " Pavlov 1923
On peut raisonnablement faire l'hypothèse que le chien était extrêmement focalisé sur la porte d'entrée du laboratoire, la venue de la nourriture et qu'il n'était pas du tout dans les dispositions à s'endormir. Et, pourtant ...
Même Janet, qui comme souvent prend les choses complètement à l'envers, est d'accord.
La conscience peut donc, à chaque moment de la vie, s'étendre sur un champ plus ou moins étendu ; chaque fois que nous voyons chez une personne l'obéissance aux suggestions, ou mieux les oublis et les distractions auxquelles cette disposition a été ramenée, nous constatons en même temps chez elle un rétrécissement notable du champ de la conscience et une diminution manifeste du nombre des phénomènes simultanés qui peuvent à chaque instant remplir l'esprit.
Application pratique :
Maintenant, si vous prenez le poignet d'une personne non prévenue, que vous le soutenez, que vous ne bougez pas, que vous fixez attentivement et silencieusement ce poignet, que votre sujet ne sait pas ce qui se passe, ne comprend pas. Que vous ne lui expliquez rien et ne manifestez aucun signe d'agressivité, voire que vous parlez gentiment de tout autre chose afin de neutraliser ses inquiétudes.
Il arrivera probablement que votre sujet sera très attentif à tout ça. Et quand vous retirerez votre main, après quelques dizaines de secondes, le poignet sera en catalepsie, et le sujet en transe.
En tous cas, c'est ce que faisait Erickson. En ajoutant des petits contacts aléatoires sur le poignet, pour être bien sur de focaliser toute l'attention de son sujet.
C'est la focalisation de l'attention qui est la cause de la transe, pas une croyance, ni une suggestion.
La focalisation de l'attention est l'inhibition de tout ce qui n'est pas au centre de l'attention.
La focalisation de l'attention : "la concentration", ce n'est pas l'intensification d'un signal. La métaphore de la lampe torche qui éclaire un mince espace dans l'obscurité est trompeuse. La concentration, c'est au contraire, l'inhibition de tout ce qui n'est pas au centre de l'attention et c'est un comportement actif et volontaire (mais pas que).
Les deux manières de focaliser l'attention
- Le demander au sujet pour qu'il le fasse volontairement
- Le surprendre.
L'effet physiologique de la surprise à été appelé par Pavlov (encore lui), la réaction d'orientation. Il l'a découvert car lorsqu'il voulait montrer ses chiens conditionnés à un étranger, il n'obtenait jamais rien, aucun reflexe conditionné, aucune salivation (frustrant!). Les chiens tournaient la tête et les oreilles vers l'inconnu et rien ne se passait, quelle que soit la force du conditionnement. Dans la réaction d'orientation, la totalité des sens est concentrée sur le facteur surprenant et tout, absolument tout, le reste est inhibé.
Et, donc comment mettre quelqu'un en transe ?
Hypnotiser quelqu'un, c'est à dire le mettre en transe, c'est lui donner la consigne de se concentrer volontairement sur quelque chose présent à sa conscience ou le surprendre.
Cela suffit à entrainer une inhibition physiologique des structures inhibitrices et donc une incapacité à contrôler son comportement, ses émotions, et tout ce que le discours de l'opérateur évoque : c'est la création de la suggestibilité chez le sujet.
Les suggestions ne sont pas la cause de la transe, mais son effet.
C'est après la création de la transe (l'état de suggestibilité due à l'inhibition des structures frontales) par la fixation prolongée de l'attention que les suggestions peuvent montrer leur effet caractéristique.
Chez un sujet éduqué, le priming (la suggestion faible) de l'expérience est suffisant pour déclencher à nouveau l'inhibition. Mais la cause originelle, c'est la focalisation de l'attention.
André M. Weitzenhoffer , Philip B. Gough & Judah Landes (1959) A Study of the Braid Effect: (Hypnosis by Visual Fixation), The Journal of Psychology: Interdisciplinary and Applied, 47:1, 67-80, ↩︎
1960 - the necessary and sufficient conditions for hypnotic behavior - Barber ↩︎